Aujourd’hui, nous recevons Lauren de My Artist Place (MAP) pour parler de stratégie, marketing et artistes… Oui, je vous l’accorde, on frise l’oxymore lorsqu’on voit l’univers artistique se mêler au monde du marketing ! Mais alors, quelle est cette fameuse start-up, communément appelée MAP ? Comment les co-fondatrices combinent-elles leur stratégie avec leurs partenaires artistiques ? C’est ce que nous allons voir dans ce nouvel article-interview… Bonne lecture !
En quoi consiste votre start-up My Artist Place ?
My Artist Place met en relation des artistes émergents avec des lieux comme des hôtels, des restaurants ou encore des incubateurs pour y organiser de l’événementiel artistique : des expositions d’art, des concerts, du stand-up, des battles de hip-hop, des ateliers créatifs, etc.
On sait qu’il est difficile de se développer en tant qu’artiste. D’autre part, le secteur de l’hôtellerie, étant notre marché principal, cherche à se réinventer pour rester attractif et attirer une nouvelle clientèle : les salariés ou résidents proches de l’hôtel, les personnes comme toi ou moi qui arpentent les rues de la ville pour aller boire un verre, manger au restaurant, etc. Ces établissements cherchent donc à animer leurs espaces pour se faire connaître au sein de leur quartier. On les accompagne dans cette démarche, en programmant au sein de leur établissement des événements sur toute l’année, principalement à Paris.
Nous avons quatre missions principales :
- mettre en avant des artistes émergents ;
- faire découvrir des espaces dont on n’ose pas franchir le pas de la porte ;
- rendre l’art accessible ;
- créer du lien et du partage.
Il existe un monde entre stratégie, marketing et artistes : comment alliez-vous les trois ?
Tout d’abord, voici un peu de contexte : en mettant en relation des artistes et des hôtels, nous nous adressons à plusieurs acteurs :
- Les artistes, qu’on va chercher sur les réseaux, sur internet, via de la mise en relation ou qui nous découvrent via le bouche à oreille ou les réseaux, afin de faire grandir notre portfolio d’artistes.
- Les hôtels, qu’on va démarcher via différents canaux.
- Le public : eh oui, le but étant que du monde vienne aux événements découvrir ces artistes émergents et lieux insoupçonnés, on travaille aussi une communication B2C (signifie Business to Consumer, le client idéal est donc un consommateur direct comme vous et moi qui allons au supermarché, par exemple) !
Nous avons donc une stratégie de marketing spécifique aux artistes pour chaque objectif.
Parmi ces trois leviers, voici comment nous allions stratégie, marketing et artistes.
Nous avons décidé d’utiliser Instagram pour répondre à nos objectifs.
Comment avez-vous décidé du message à faire passer sur Instagram ?
- Pour recruter des artistes, il doivent comprendre ce qu’on leur propose et quel est l’intérêt pour eux de rejoindre notre équipe d’artistes. À savoir : organiser des événements pour les mettre en avant.
- Pour créer une communauté en B2C, notre audience doit aussi comprendre ce qu’on lui propose : des sorties originales où tu découvriras un ou plusieurs artistes/artisans émergents, un lieu méconnu, dans une ambiance bienveillante et chaleureuse.
Lors du choix du contenu que nous allions publier, il nous a donc semblé assez évident de parler de nos événements : à quoi ils ressemblent, quel est le programme des événements à venir, etc.
Par ailleurs, on ne souhaite pas seulement que notre audience nous découvre, mais aussi qu’elle nous suive, qu’elle adhère à notre mission et qu’elle prenne part à l’aventure. Pour cette raison, on estime que notre page Instagram doit également leur apporter de la valeur, qui va au-delà de simplement parler de nos événements.
On a donc décidé de mettre en avant des artistes émergents sur notre compte Instagram, et pas seulement lors de nos événements.
Après tout, le public qu’on souhaite attirer veut découvrir de nouveaux artistes, et il est intéressant pour les artistes de voir qu’on les met en avant (et découvrir eux-mêmes d’autres artistes !).
On a testé pour cela plusieurs formats : interviews courtes (la toute première ici), interviews écrites plus longues, interviews vidéos longues, stories découverte de 10 artistes tous les dimanches soir… Nous préparons en ce moment un nouveau type d’interview qui correspond davantage au format attendu par notre communauté et qui convient à nos moyens. Il sera à découvrir sur Instagram et sera, on l‘espère, cette fois-ci pérenne !
Quelles sont, selon vous, les limites de votre stratégie ?
Toutefois, qui dit objectif dit message précis : quel problème on adresse, et comment. En utilisant un seul levier (Instagram) pour répondre à deux problématiques différentes, à savoir : « Comment se développer en tant qu’artiste ? » et « Comment trouver des sorties sympathiques et découvrir des artistes émergents ? », une limite apparaît : le message est moins efficace, et risque de perdre le lecteur. Le fameux : « à vouloir parler à tout le monde, on ne parle à personne ».
L’idéal pour qu’une stratégie soit efficace, c’est d’utiliser UN message via UN levier PAR problématique. Pour l’instant, nous sommes une équipe de 5 et à nos dix mains, nos ressources sont limitées pour mettre en place LA stratégie au top pour chacun de ces trois leviers. On fait donc de notre mieux pour mettre en place, avec nos ressources, une stratégie qui nous fait avancer vers l’atteinte de nos différents objectifs, certes doucement, mais sûrement.
Enfin et surtout, on remet régulièrement cette stratégie en question : on a mis en place une routine mensuelle de relevés d’indicateurs clés de performance (KPIs) qu’on analyse, commente, et corrige afin d’améliorer notre stratégie.
Vos 4 conseils aux créapreneurs pour une bonne stratégie marketing sans vendre son âme d’artiste au diable
- Avoir un message clair : quand on arrive sur votre support (site web, page Instagram, boutique Etsy, email reçu…), on comprend rapidement ce que vous faites, qui vous êtes ou quel art vous proposez (sauf si cacher votre identité fait partie de votre stratégie).
- Créez une stratégie qui vous ressemble, qui vous plaît, que vous prenez plaisir à véhiculer et dont vous êtes fier.
- Et enfin, si vous détestez profondément faire de la communication ou du marketing, je suis presque certaine que vous n’y arriverez pas (je n’aime pas dire jamais). Dans ce cas, mes meilleurs conseils sont :
- de le faire faire par quelqu’un si vous en avez les moyens (en réfléchissant bien au temps et à la charge mentale que cela pourrait vous faire gagner) ;
- de mettre en place une stratégie minimale, simplement pour qu’on vous voie et qu’on vous retrouve facilement ;
- si vous n’avez pas d’appétence ni de compétences « naturelles » pour le design (même très basiques) : de vous faire former ou coacher une fois sur les bases afin d’être autonome ensuite et mettre en place une routine légère pour faire le minimum.
- N’attendez pas que votre stratégie soit parfaite (vous ne l’aurez jamais) : diffusez quelque chose dont vous êtes globalement satisfait, et itérez ensuite dessus selon les retours que l’on vous fera. Confrontez votre stratégie à autrui : quand on a la tête dedans, il y a tellement de choses qu’on ne voit pas… Notre entourage est une mine d’or de remarques pertinentes auxquelles on n’aurait jamais pensé.
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